HOMO ERECTUS II
Dans un lieu enveloppé de nuit, une poupée lascive veille un autel dressé sur un étal de boucher recouvert d’un brocart mordoré. Aucun souffle vivant ne vient perturber l’ordre factice des reliques.
Je ne souhaite plus rien !
Le monde va comme il va, imperturbable depuis ses origines : de naissances en massacres et vice versa …rien ne l’arrête. Les victimes et les bourreaux, les riches et les pauvres, les sages et les fous …. Nous avons tous les mêmes rêves immuables et inoxydables … Que doit-on en déduire ?
Les poupées de H. Bellmer se sont évadées du musée. Elles ne supportaient plus tous ces gens qui les détaillaient de manières vicieuses, ces mains qui les palpaient en cherchant les orifices, ces gardiens aux propos sexistes, ces mômes qui leurs tiraient la langue poisseuse de sucreries et ces conférenciers abominables de certitudes. Non ! Elles n’en pouvaient plus.
Spécimen ramené au 19éme S. d’Egypte par une prêtresse nubienne qui s’installa discrètement dans le maquis de Montmartre. Crainte pour ses imprécations, elle parcourait les ruelles la nuit en psalmodiant un Ave Maria sacrilège. Un cercle de prosélytes, des femmes indigentes, injuriées de sobriquets infamants et rejetées comme des parias se joignirent à elle. Le culte de la Santa Mantis se répandit parmi les prostituées des boulevards qui l’invoquaient pour leur protection. Un rapport de mouchard alerta la police : des macs honorablement connus étaient retrouvés affreusement mutilés, les organes génitaux ôtés et emportés.
L'œil caché dans une cavité du candélabre jouit.
Il m’arrive souvent que je me cache entre les os, mon œil crevé ne m’autorise pas à placer mes deux yeux, une seule cavité me suffit pour me bruler l’esprit. J’ai atteint mon but, j’observe, dans la posture de l’insecte qui ment, une proie sans qu’elle soupçonne ma présence. Je suis le voyeur invisible dont le désir malsain ne peut être contrôlé par des halètements pathétiques. Traversé d’une flèche (dédoublement ?) je feins de dormir. J’attends que ta main s’empare ivre de ma liqueur empoisonnée versée dans le verre à pied qui n’a aucune excuse.
Machine Spermatique du Dr Lestar
Après la perte irrémédiable par le feu de la machine à insémination du Dr Ferdinand Strauss, d’autres savants animés par la même obsession continuèrent la recherche dans le secret de leur laboratoire. De toutes les machines qui furent inventées, celle du Dr Lestar, éminent sexologue plusieurs fois primé au concours Lépine pour ses modèles de sex-toys orthopédiques, attira l’attention des spécialistes en 1919. Nommée sobrement « machine spermatique », elle était conçue pour déposer en mode continu le sperme d’un donneur dans le plus grand nombre de femmes et ainsi palier à la chute vertigineuse de la natalité.
Après l’effroyable boucherie de la guerre de 1914-1918 où de très nombreux hommes perdirent la vie, il était nécessaire de compenser le manque de géniteurs pour satisfaire les veuves en surnombre qui désiraient ardemment contribuer à repeupler la France.
Cette machine se composait de 3 parties :
--Un siège sur lequel était solidement attaché, par des courroies de cuir, un homme jeune et robuste choisi pour la quantité et la qualité de son sperme.
--La machine pneumatique qui assurait l’aspiration, la compression et le jet final
--La patiente étendue dans une pose lascive à même de susciter sans fin le désir du donneur.
Phalum carnivora - Plante carnivore poussant dans les tourbières tropicales du Malawi. Elle est mentionnée dans l'ouvrage de Marcus "Le délirium Botanica" comme étant particulièrement dangereuse. Sa sève délicieusement sucrée rentrée dans la composition de poison ou de parfum aphrodisiaque. Elle contient un neurotoxique qui au contact de la peau ou inhalé provoque instantanément un état d’éréthisme. Heureusement, elle se nourrit exclusivement de souris blanches de préférence mâle. On attribue cette particularité à la nécessité de charger son pollen de testostérone lors des périodes de reproduction.
Mandragore Perforâti - Recensée dans le « De délirium botanica » de Marcus.
Cette plante prospérait dans la région marécageuse du Latrum où les paysans avaient l’habitude de déféquer dans les buissons en position accroupie. Percevant la chaleur du fessier, la plante sortait de terre et lançait ses crochets pour s’arrimer et pénétrer de force dans l’anus pour y déposer ses ovules. Instantanément, par reptation, les embryons remontaient dans le rectum et envahissaient les intestins. La gestation durait quelques jours pendant lesquels la victime se tordait de douleurs atroces et, par le fondement, d’un épanchement sanguinolent par lequel les germes de la plante étaient disséminés au sol. La mort du porteur était toujours l’issue par laquelle la plante se perpétuait…………
Source miraculeuse de la relique fossilisée de Saint Sébastien. Du monument s’écoule sans fin, un filet de sang qui abreuve des buissons épineux. Des vestales de pierre veillent sur la relique. Les villageois prêtent à ce sang des vertus aphrodisiaques, mais il désagrège les sens et installe insidieusement un état de folie irrémédiable. On croise dans ces bois des malheureux nus murmurant des paroles incompréhensibles et qui s’agrippent à vos vêtements pour les arracher. N’ayez aucune pitié pour ces dévots lubriques, chassez les avec une verge cinglante.
Le phallopode des jardins -
Animal nocturne à la démarche hésitante toujours à la limite du déséquilibre existentiel de l’espèce en voie de disparition. Il se déplace en lançant sa langue sur les obstacles qui contredisent son goût immodéré pour les substances suaves. Il est déconseillé de s’asseoir dans l’herbe au risque de retrouver l’animal fixé aux parties sensibles de l’entrejambe. Il est rapporté de nombreux cas d’érotomanes qui en abusent et mettent en danger l’espèce. Pour les jeunes enfants encore innocents qui le confondent avec un jouet, il représente un danger. La salive du phallopode, à l’instar des limaces salaces, contient un venin aux propriétés hallucinogènes.