2012 - bon voyage
Au delà de la montagne de bonnes intentions avec lesquelles chaque année nous nous tartinons jusqu'à l'indigestion, il y a une grande plaine d'espoirs que nous espérons tous atteindre un jour.
En 2012 verrons-nous ce jour ?
Ma boule de cristal paniquée s'est sauvée dans les escaliers et le marc de café lyophilisé à l'eau nitrée a le teint verdâtre des lendemains qui ne chantent pas. Encerclés et bombardés par les brouillards médiatiques, les pronostiques vitales de Mme Irma (voyante) pour rassurer les cardiaques sont incertains.
Quelques certitudes ressassées chaque nouvel an : les trains ne sont jamais à l’heure et leurs destinations ne s’affichent que rarement. Bon voyage et n’oubliez pas de composter vos souvenirs ………..
Divin Marquis
Le Divin Marquis était un porc notoire recherché par tous les dictionnaires philosophiques. Il avait échappé aux nosographies médicales grâce à la complicité d'Emilie (12 ans) qui le cachait sous son lit. Embaumé et fleuri, il était le voyeur privilégié de toutes ses orgies textuelles. Elle s’en débarrassa dans une décharge, lorsqu‘elle reçue ses premières règles de grammaire.
Le Guide Suprême
Toujours le même clone ; celui du meneur de rats
J’occupe la scène avec mon sang et le sang des autres depuis des millénaires. Je possède la jeunesse éternelle des tueurs que l’on honore dans les livres d’histoire. J’ai le visage de l’illusion et du mensonge, la beauté de vos pulsions et celui des charniers …… continuez à m'honorer, nous copulerons jusqu’à votre agonie.
autopsie : ouvrez l'oeil
autopsie prophylactique
Chaque image est le cadavre d'un roman.
Chaque image est un concentré de virus qui cherche à se reproduire dans notre mémoire.
L'autopsie, n'est-ce pas le moyen désespéré de trouver un vaccin ?
regarder par la fenêtre
Je ne regarde pas aussi loin que vous car la distance entre les illusions et les certitudes s'est dissoute dans l'acide des jours. Qu'importe, je ne me souviens de rien, hormis des fenêtres percées dans ma chair.
INFORM'ACTION
N’aie crainte mon bébé, nous te façonnons ton histoire. Une camisole de force dont tu ne pourras pas t’échapper.
Pourriture et autres vomis
Lorsque nous avons réalisé que notre existence toute entière serait une marche forcée sur un fil tendu au dessus du vide, la peur ne nous a plus quittés. Sur le fil, les prétendants à l’existence se pressent et se bousculent. Sans cesse, à chaque instant, nous devons maintenir l’équilibre car les coups et les pièges pullulent provenant de quiconque revendique la priorité de ses intérêts.Par cette obsession, toutes les manœuvres sont permises pour défendre sa place. Les boulimiques de la survie savent d’instinct se fondre dans l’éventail des conformités que la médiatisation des apparences offre. Ressembler à….. c’est espérer échapper aux prédateurs en se camouflant dans un troupeau. Une sécurité fragile qui exige d’être attentif aux fluctuations du groupe et de ne pas suivre les mirages généreusement distillés. Gloire aux anorexiques de l’existence réfugiés dans les no man’s land de l’isolement, leur obstination à être sourd, muet et aveugle à toutes les compromissions les promeut singes du cirque nostalgique de l’enfance.Gare aux dominants, shootés aux psychotropes du pouvoir, et qui pratiquent le rapt des vie/andes pour remplir leur propre existence.
Quel espoir ? Aucun. Les compromissions et les soumissions sont les deux mamelles pendantes de chaque coté du fil de l’existence pour en assurer l’équilibre précaire. Le pourrissement, c’est le désir de conformité pour s’assurer une survie. C’est la chute finale, inutile de vomir.
Saint Valentin
Personne au labo. ne se souvient qui était ce Valentin dont on n’avait gardé que le cerveau. Une seule certitude, le bocal dans cet environnement d’ordinateurs était devenu désuet et encombrant. Lorsque j’ai proposé d’en vider le contenu dans les WC, il y a eu un grand silence dans l’équipe. J’ai senti que leurs cerveaux cherchaient où était l’incongruité de ma décision. Quand j’ai appuyé sur la chasse d’eau, je me suis répété « Un jour, il faudra que je me débarrasse d’eux de la même manière ».
Bonne quoi ?
Je sais que tu rêvais d’aller voir la mer et moi je voulais sortir des embrouilles avec les autres cafards cachés dans la salle de bain. Quand je me suis installé à tes côtés, tu ne m’as pas repoussé. Je me suis habitué à la douceur de ta peau et aux rythmes des machines qui te soulèvent la poitrine et tapent dans ton ventre en bruits de ressac.
J’étais dans ton lit et remontais le long de ta cuisse. Tu avais tellement de tuyaux qui te sortaient de partout et crachaient tous tes liquides, que j’essayais de m’agripper à tes poils pubiens pour te pénétrer. Il a fallu que l’infirmière en soulevant le drap me découvre et se mette à hurler. Elle ne pouvait pas comprendre l’osmose qui s’était établie entre toi et moi. J’ai essayé de fuir, mais ma panique a rencontré son pied. Elle m’a étalé les tripes sur le lino de la chambre en me souhaitant une bonne année. Je ne lui en veux pas, elle était déprimée d’avoir laissé ses deux gosses et son nouvel amant, ce soir de réveillon.
Son amant, elle l’avait rencontré, il y a quelques mois, sur un site de consommateurs. Après quelques sorties restaurants, elle avait dit oui à ses avances. Il ne lui plaisait pas physiquement, mais elle était seule depuis tellement longtemps qu’elle se serait accrochée à n’importe qui. C’était un type toujours fatigué mais plein de projets pour deux. Il avait promis de l’emmener à la mer lorsqu’il aurait reçu sa prime de licenciement. En attendant, il logeait chez elle.